Une mission conjointe du Programme d’Urgence pour le Sahel (PUS-BF) et du Fonds de Consolidation de la Paix (PBF) s’est rendue du 28 au 02 décembre 2022 dans les régions du Centre et de l’Est en vue de constater de visu et apprécier le niveau de réalisation des projets du portefeuille PBF 2022 dans les deux régions.
En appui au Programme d’Urgence pour le Sahel, le Fonds de Consolidation de la Paix du Système des Nations-Unies intervient dans les zones de couverture du PUS-BF à travers différents projets dans les domaines de l’humanitaire et de la cohésion sociale en vue de concourir à la réalisation des objectifs assignés audit programme. C’est dans le cadre du suivi évaluation de ces différents projets que la mission a été organisée pour rencontrer et échanger avec les différents acteurs sur leur implication dans la conduite de ces projets, de relever les difficultés qu’ils rencontrent et de partager les expériences acquises sur le terrain.
Echanges avec les acteurs
Au titre de la région du Centre, l’équipe de la mission a rencontré le lundi 28 novembre 2022 à son bureau, M. Sibila Sawadogo, Inspecteur GSP, Directeur du matériel et du budget de l’administration pénitentiaire. Dans le cadre du projet appui à la prévention des risques de détérioration de la cohésion sociale et de la paix dans le contexte de la riposte à la COVID-19 aux points d’entrée et dans les lieux de détention au Burkina Faso, son service a bénéficié de la restauration et de l’entretien des détenus et du personnel pénitentiaire.
M. Sibila Sawadogo a ajouté que son service a également bénéficié du soutien de plusieurs autres partenaires tels que l’OIM et l’ONUDC pour la formation du personnel pénitentiaire en matières du respect des droits humains et la dotation en médicaments, de portiques de désinfection, de machines à coudre permettant aux détenus d’apprendre le métier de couturier dans leur milieu, de l’établissement de documents identités, la création d’une page Facebook au profit de l’administration pénitentiaire, etc.
En dépit de l’assistance dont bénéficie son service, le Directeur du matériel et du budget de l’administration pénitentiaire estime qu’il faut plus de soutien car dans une perspective de recherche et de consolidation de l’apaisement, il est indispensable d’accroitre les moyens pour assurer l’entretien des détenus et du personnel pénitentiaire, pour leur alimentation et leur transport entre la prison et le palais de justice.
Il déplore enfin les promesses non tenues qui perturbent la programmation des besoins lorsqu’un partenaire prend des engagements et ne les concrétise pas.
Au niveau de la région de l’Est, la première personnalité avec laquelle la mission s’est entretenue a été le Gouverneur Hubert Yaméogo qui a d’entrée de jeu salué la démarche de passer par le Directeur régional de l’économie et de la planification pour le rencontrer car en matière de projets et programmes, le DREP reste son collaborateur le mieux indiqué.
Le Gouverneur souhaite une meilleure implication des autorités régionales dans la mise en œuvre des projets pour faciliter leur l’appropriation, la capitalisation des données et l’élaboration des rapports. A cet effet, M. Hubert Yaméogo préconise la mutualisation des ressources, la coordination des activités pour avoir plus d’impact sur le terrain.
La seconde étape des entretiens a été marquée par des échanges avec les services techniques et les points focaux des projets des agences des Nations-Unies la région de l Est.
Le point focal du projet transhumance pacifique qui a pris la parole en premier, a indiqué que son projet a été monté à partir des alertes recueillies auprès des communautés à la base. Ce qui signifie que le projet répond à un réel besoin des populations qui ont apprécié entre temps la délocalisation dudit projet en raison de la dégradation de la situation sécuritaire. Entre autres activités menées, il y a la formation et la sensibilisation sur la résolution des conflits agriculteurs/éleveurs, la construction d’un magasin de stockage d’aliments de bétail dont l’importance dans l’instauration d’un climat de paix et de cohésion sociale a été saluée par tous. Il faut préciser que ces projets sont financés par la FAO et l OIM.
Concernant le projet appui à la prévention des conflits et de l’extrémisme violent dans les zones frontalières du Bénin, du Burkina et du Togo, le point focal a déclaré que 20 jeunes par communes ont été formés dans le cadre du projet selon la méthode faire faire en raison de l’insécurité qui règne dans cette partie de la région. La pertinence du projet est liée au fait qu’il est mis en œuvre dans les communes les plus touchées par le terrorisme et concerne les jeunes qui constituent la cible privilégiée au sein de laquelle les djadistes recrutent. Le projet a permis notamment à la commune de Madjoari de continuer à vivre.
Quant au projet prévention et gestion des conflits dans la Région de l’Est, il est financé par l UNDP et la FAO. A travers la formation, la sensibilisation et l’instauration du dialogue, des populations jadis opposées ont pu se parler. Ainsi plusieurs problèmes des jeunes et des femmes liés au foncier ont pu être résolus.
S’agissant du projet soigner les blessures invisibles des individus et communautés affectés par les conflits et les violences : une approche intégrée santé mentale et soutien psychosocial axés sur les jeunes qui a été mis en œuvre par l’OMS et l UNFPA, il repose sur la négligence et la méconnaissance de la santé mentale. Car il s’agit d’un long processus qui ne saurait être évalué en peu de temps. Ce projet dont la pertinence n’est pas à démontrer a permis de former 12 agents de santé en matière de prise en charge et le déferrement des patients vers des centres de santé plus adaptés, d’organiser des activités de sensibilisation et de créer des cliniques mobiles.
Enfin, le projet appui à la prévention des risques de détérioration de la cohésion sociale et de la paix dans le contexte de la riposte à la COVID-19 aux points d’entrée et dans les lieux de détention au Burkina Faso est bien accueilli par l’ensemble des acteurs à savoir le point focal, l’administration pénitentiaire et les bénéficiaires. Au-delà des dotations en équipements et matériels divers dont les machines à coudre, grâce à l’intervention de ce projet, les dossiers judiciaires de certains prisonniers connaissent un meilleur suivi et l’accélération de leur traitement jusqu’au jugement. A ce titre, on retient l’assistance de près 178 personnes dont 48 dossiers ont connu une avancée en justice mais le plaidoyer fait attrait au renforcement de l’assistance juridique et psychologique, la prise en charge des femmes et des enfants incarcérés en raison de leurs besoins spécifiques.
Echanges avec les bénéficiaires
En matière de cohésion sociale, les bénéficiaires sont unanimes quant à la pertinence du projet grâce auquel des changements notables ont été opérés dans la région. Car sa mise en œuvre répond aux besoins exprimés par les communautés à la base notamment en ce qui concerne la sécurisation foncière pour les jeunes et les femmes. A l’actif du projet, on note la confection d’un recueil de textes lois régissant les questions foncières, la réalisation de biodigesteurs permettant de faire et générer des économies.
Les bénéficiaires souhaitent que les actions durables comme les sites maraichers et les biodigesteurs soient renforcées parce que leur impact est notable dans le vécu quotidien des populations. En outre, ils souhaitent la mise à disposition de plus de moyens pour mettre en œuvre leur plan de formation et renforcer ainsi leurs capacités. Pour ce faire, ils estiment que la mutualisation des interventions est nécessaire pour davantage de résultats.
A propos du projet jeunes consolidateurs de la paix, les bénéficiaires ont rappelé le contexte qui a vu naitre la crise et dont les jeunes constituent la cible première au sein de laquelle les terroristes recrutent. Au titre de ce projet, 05 associations de jeunes ont été accompagnés dans l’élaboration de leurs plans d’action. Ce projet a l’avantage de les occuper à la faveur des sessions de sensibilisation sur le vivre ensemble et la cohésion sociale.
Au titre du projet santé mentale, 12 infirmiers ont été formés pour assurer la prise en charge des patients, l’accès aux soins et aux médicaments est une réalité, la prise en charge des troubles psychologiques, des traumatismes est assurée, 02 cliniques mobiles ont été créées. Ce qui a permis de prendre en charge 138 personnes. Dans le domaine de la santé mentale, c’est une avancée significative qui demande à entre renforcée et consolidée par une synergie d’actions et le renforcement des capacités institutionnelles des partenaires et la poursuite du projet.
Visites sur quelques sites
La première visite a été conduite sur un site maraicher dans la commune de Fada. Il s’agit d’une exploitation de 01 hectare de choux, de salade, de carotte, etc. Financé par le projet prévention et gestion des conflits, le site permet d’occuper 15 jeunes exploitants (PDI et hôtes) dotés de quelques matériels de travail.
La seconde visite a conduit l’équipe de la mission à la prison de Fada. Là avec le Directeur des lieux, M. Seni Zabré, Inspecteur GSP, les échanges ont permis d’aborder toutes les questions relatives au projet appui à la prévention des risques de détérioration de la cohésion sociale et de la paix dans le contexte de la riposte à la COVID-19 aux points d’entrée et dans les lieux de détention au Burkina Faso. Monsieur l’Inspecteur se félicite de la mise en œuvre du projet au sein de sa structure surtout dans le contexte de la survenue de la COVID 19. Grace à ce projet, son institution a bénéficié de matériels d’hygiène, de séances de sensibilisation des parents des prisonniers, etc.
En outre, il salue l’action de l’assistant judiciaire qui fait un travail formidable permettant d’accélérer le traitement ou de retrouver certains dossiers égarés. Enfin, la mission s’est rendue au siège de l’association Esther ou elle a été accueillie par Mme Yiénibanimpo Lankoandé/ Tindano, présidente de ladite association. Après une brève présentation de son association, elle a indiqué que l’action de son association est essentiellement basée sur la sensibilisation notamment les VBG. A ce titre, elle affirme que 483 personnes ont été sensibilisées sur les thématiques sur la cohésion sociale et le vivre ensemble au profit des PDI et des populations hôtes. Aussi, des jeunes en besoin de soutien ont été identifiés et a ce titre, 08 jeunes ont bénéficié d’équipements dont du matériel de couture, de soudure et d embouche.
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